Vers une société sans liquide : comment chaque euro que vous dépensez devient une donnée fiscale exploitable
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Vers une société sans liquide : comment chaque euro que vous dépensez devient une donnée fiscale exploitable

On vous parle de trafic de drogue. En réalité, on prépare une société sous surveillance totale

Gérald Darmanin a évoqué l’idée de supprimer l’argent liquide pour “lutter contre les points de deal”. Un jour plus tard, il recule, officiellement par manque de majorité politique. Mais derrière ce recul de façade, une vérité demeure : la fin de l’argent liquide n’a rien à voir avec la sécurité. Elle concerne le contrôle. Un contrôle fiscal, bancaire, social. Supprimer les billets, c’est supprimer la dernière forme d’échange que l’État ne peut ni tracer, ni bloquer, ni analyser. C’est faire de chaque citoyen un compte en ligne, entièrement visible et saisissable.

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Le liquide, dernier espace de liberté financière

On présente souvent le liquide comme l’outil des délinquants. Pourtant, il reste le seul moyen de paiement réellement privé. Il permet aux petits commerces de respirer, aux particuliers de gérer un budget manuel, aux familles de s’entraider sans passer par les banques. Il est aussi un outil de précaution en cas de crise, de panne, ou de bug informatique. Supprimer le cash, ce n’est pas pénaliser les trafiquants. C’est fragiliser les citoyens ordinaires.

La disparition des espèces, c’est la traçabilité obligatoire

Dans un monde sans espèces, chaque euro que vous dépensez passe par une banque ou un opérateur privé. Cela signifie qu’à tout moment, l’administration fiscale, les autorités ou même un simple algorithme bancaire peuvent analyser vos achats, vos déplacements, votre niveau de vie. Une carte bancaire ou une application, ce n’est pas qu’un moyen de paiement. C’est un outil de profilage économique. Et demain, ce sera un levier fiscal.

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Le discours sécuritaire masque des objectifs fiscaux et politiques

Faire croire que supprimer le cash empêchera la délinquance est un leurre. Les réseaux criminels ne comptent pas leurs millions en billets de vingt euros. Ils utilisent des sociétés-écrans, des cryptoactifs, des circuits internationaux. Le liquide que l’on veut éradiquer, c’est celui qui permet à un artisan d’encaisser un dépannage, à un parent de donner de l’argent à ses enfants, à un commerçant de respirer entre deux contrôles. C’est ce liquide qui dérange, car il échappe encore aux modèles de surveillance automatisée.

Ceux qui utilisent le cash ne sont pas les fraudeurs qu’on vous désigne

Dans la réalité, ce sont les indépendants, les retraités, les travailleurs précaires, les professions libérales qui utilisent encore de l’argent liquide. Pas pour frauder. Pour vivre. Parce qu’ils n’ont pas toujours accès aux outils numériques. Parce qu’ils refusent d’être dépendants d’une carte ou d’un téléphone. Parce qu’ils veulent conserver une marge de liberté. Demain, ce comportement sera suspect. Aujourd’hui, il est déjà marginalisé.

Une fois le cash supprimé, le contrôle devient permanent et automatique

Quand vous n’avez plus d’autre choix que le paiement numérique, votre liberté financière disparaît. Une erreur d’algorithme peut bloquer votre compte. Une décision administrative peut geler vos dépenses. Une suspicion suffit à suspendre vos moyens de paiement. Et tout cela, sans procès, sans juge, sans débat. Vous devenez un dossier, un profil, une donnée. Ce n’est plus vous qui gérez votre argent. C’est le système qui décide si vous y avez accès.

Le liquide n’est pas archaïque. Il est vital

Beaucoup pensent que l’argent liquide est dépassé. Pourtant, c’est le seul moyen de paiement qui fonctionne sans électricité, sans connexion, sans autorisation. C’est aussi le seul qui protège contre les taux d’intérêt négatifs, les frais cachés, les contrôles injustifiés. Il ne dépend d’aucun prestataire, d’aucune application, d’aucune plateforme. Le cash est une monnaie libre. Et c’est pour cela qu’il gêne.

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Une société sans cash, c’est une société sous contrôle

Dans ce modèle, rien ne vous appartient vraiment. Votre argent est dans une banque, soumis à des règles que vous ne maîtrisez pas. Vos paiements sont suivis, vos habitudes connues, vos marges de manœuvre réduites. Et demain, un simple décret pourrait restreindre certaines dépenses, bloquer certains flux, ou déclencher une vérification automatisée. Dans un monde sans liquide, vous n’êtes plus libre de disposer de vos revenus. Vous êtes sous surveillance fiscale permanente.

Darmanin recule… pour mieux revenir

Le ministre a dit non, “par manque de majorité politique”. Mais il n’a pas dit non sur le fond. Et le projet reviendra, plus discret, plus progressif. D’abord avec la suppression des distributeurs automatiques. Puis en imposant les terminaux partout. Puis en rendant le paiement sans contact obligatoire. Jusqu’à ce que le liquide disparaisse, non par loi, mais par abandon. Et alors, le contrôle sera total. Il ne restera plus rien à fuir. Ni à cacher. Ni à défendre.