Un PV de 35 € ? Pas toujours. Voici comment vous finissez à 375 € d’amende… sans jamais avoir été jugé
Un jour, vous recevez un petit PV pour un stationnement gênant, un excès de vitesse mineur ou une infraction de feu rouge. Vous vous dites : “Je verrai ça plus tard.” Vous l’oubliez. Vous déménagez. Vous attendez. Et puis un jour, c’est une lettre du Trésor public : l’amende est passée à 375 €. Ou pire : votre permis est suspendu. Et vous n’avez aucun souvenir d’avoir été informé correctement. Ce n’est pas un bug. C’est le système. Et il fonctionne exactement comme ça.
Premier piège : les délais ultra-courts et silencieux
Un PV simple dispose d’un délai de paiement de 45 jours (ou 60 jours si vous payez en ligne). Passé ce délai, l’amende est **majorée automatiquement**, sans préavis. Vous passez de 35 € à 75 €, de 90 € à 180 €, de 135 € à 375 €… Et si vous ne réagissez toujours pas, vous pouvez être saisi directement sur salaire ou sur compte bancaire.
Ce mécanisme est totalement automatisé. Il ne tient pas compte des erreurs, des déménagements, des absences, ni même des problèmes de distribution du courrier. Une simple négligence — ou un oubli parfaitement humain — vous fait basculer dans la sanction lourde. Et vous n’aurez aucun recours automatique.
Deuxième piège : la procédure de recouvrement forcé
Quand vous dépassez le délai de majoration, le dossier est transmis à un comptable public. Celui-ci peut **ordonner une saisie administrative à tiers détenteur (SATD)** : votre banque est obligée de bloquer votre argent, et de transférer la somme à l’État. Aucune audience. Aucun procès. Juste une ligne informatique. Même si l’amende était discutable. Même si vous n’avez jamais vu le PV original. Trop tard.
Et ce blocage peut concerner votre compte personnel… mais aussi un compte joint, une entreprise individuelle, ou même un livret. La machine ne fait pas de détail.
Troisième piège : retrait de points et suspension de permis en cascade
Certains PV impliquent un retrait de points. Et souvent, vous ne vous en apercevez qu’après coup. Enchaînez trois ou quatre infractions mineures, et votre solde peut tomber à zéro. À ce moment-là, la préfecture vous suspend administrativement le permis, parfois pour plusieurs mois.
Encore une fois : pas de jugement, pas de mise en garde. Vous recevez un courrier simple ou une décision sur votre compte Télépoints. Et si vous n’êtes pas vigilant, vous continuez à conduire… sans permis valable. Là, vous basculez dans le délit. Et là, les conséquences deviennent vraiment lourdes : tribunal, amende pénale, casier judiciaire, assurance annulée.
Quatrième piège : l’empilement silencieux des sanctions
Un PV oublié, c’est déjà cher. Deux, c’est un risque de saisie. Trois ? C’est un dossier pénal. Et souvent, tout ça arrive sans que vous n’ayez jamais vu un agent de police. Tout se passe entre l’ordinateur du centre de traitement automatisé et votre boîte aux lettres. Ce n’est pas une politique de sécurité. C’est une logique de sanction industrielle.
Les classes moyennes et les actifs sont les plus exposés : ils roulent tous les jours, sont souvent à découvert, et n’ont pas les ressources pour s’offrir un avocat ou un cabinet de contestation. Ce sont eux que le système broie en silence.
Le vrai scandale : aucun accompagnement, aucune pédagogie, aucune transparence
L’État n’explique rien. Il ne vous aide pas à comprendre ce que vous payez. Il ne vous donne pas les outils pour contester facilement. Il vous envoie un avis, puis une majoration, puis un huissier. Et c’est terminé. Vous ne serez jamais informé des recours. Vous ne saurez jamais que vous pouviez demander la photo, contester un panneau manquant, ou invoquer un vice de procédure. Le système n’est pas fait pour la justice. Il est fait pour l’efficacité comptable.
Ce que vous pouvez faire pour ne plus tomber dans le piège
– **Créer un compte Télépoints et lier votre numéro de téléphone** : soyez notifié des pertes de points
– **Mettre à jour votre adresse carte grise immédiatement après un déménagement**
– **Consulter régulièrement votre messagerie FranceConnect / ANTS**
– **Contester un PV même simple si vous doutez de la légitimité** (vous avez le droit)
– **Ne jamais laisser passer un PV sans réaction : payez ou contestez — mais ne l’ignorez jamais**
Un PV oublié n’est pas un détail : c’est une bombe à retardement fiscale
Ce n’est pas le montant initial qui ruine les gens. C’est la cascade de conséquences automatiques, bureaucratiques, silencieuses. Une amende de 35 € peut vous coûter votre compte bancaire, votre permis, et des semaines de procédures. Et pendant ce temps, l’État encaisse… sans rendre de comptes.
En France, on ne fait pas de pédagogie. On fait des prélèvements automatiques. Et si vous ne vous organisez pas, vous êtes la cible parfaite.