Les riches ne fuient pas toujours la France : un mythe à déconstruire
Contrairement à une idée largement répandue, les plus hauts patrimoines ne fuient pas systématiquement la France. En 2025, la réalité fiscale est plus nuancée. Bien que la France affiche un niveau d’imposition élevé en apparence, elle propose aussi un ensemble d’avantages structurels et juridiques qui attirent ou retiennent les contribuables les plus fortunés. Il est donc crucial de dépasser la caricature du “matraquage fiscal” pour comprendre pourquoi certains grands entrepreneurs, familles fortunées ou rentiers choisissent de rester dans l’Hexagone, et parfois même d’y revenir après une expatriation.
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Fiscalité du patrimoine optimisée, sécurité juridique, conventions fiscales bilatérales, niches fiscales puissantes et stabilité du système : autant d’éléments qui transforment la France, dans certaines situations, en un véritable “paradis fiscal structuré”.
Une fiscalité du capital étonnamment clémente pour les gros patrimoines
Depuis la réforme de l’impôt sur la fortune en 2018, la France ne taxe plus la totalité du patrimoine, mais uniquement l’immobilier (via l’IFI). Cela signifie que de nombreux patrimoines financiers, comme les actions non cotées, les contrats d’assurance-vie ou les comptes titres, échappent à l’impôt sur la fortune. Ce détail a profondément changé la donne pour les familles fortunées. Un investisseur disposant de 10 millions d’euros placés en assurance-vie n’est donc pas soumis à l’IFI.
De plus, la flat tax (prélèvement forfaitaire unique) de 30 % sur les revenus du capital (dividendes, plus-values) s’applique quelle que soit la tranche marginale d’imposition du contribuable. Ce taux est souvent inférieur à celui de nombreux pays européens une fois comparé au total impôt + charges sociales.
Un système juridique stable et protecteur des droits patrimoniaux
La France bénéficie d’un environnement juridique particulièrement protecteur. La sécurité du droit, la prévisibilité des décisions de justice, le cadre légal du droit des sociétés, de la fiscalité et du droit de succession sont très développés. Cela rassure les familles à la tête de grands groupes ou de fortunes familiales.
Les montages patrimoniaux (holding, société civile, démembrement, donation, pacte Dutreil) sont encadrés par des règles précises, connues à l’avance, et exploitables légalement. Cette stabilité permet une planification à long terme, ce qui est un critère clé pour les familles les plus aisées.
Un réseau de conventions fiscales internationales puissant
La France a signé plus de 120 conventions fiscales bilatérales pour éviter la double imposition. Cela permet à un résident français de bénéficier d’un traitement fiscal favorable sur ses revenus étrangers (dividendes, loyers, plus-values). Dans de nombreux cas, ces conventions attribuent à la France une imposition exclusive ou limitent fortement la taxation à la source dans le pays d’origine.
Par exemple, un résident fiscal français percevant des dividendes d’une société américaine bénéficiera d’un taux de retenue à la source réduit à 15 %, grâce à la convention France–USA. Le solde est imputé sur l’impôt français. Ce système évite les doubles impositions, tout en sécurisant les investissements internationaux. C’est un levier majeur de structuration pour les fortunes internationales basées en France.
Des niches fiscales puissantes et encore très efficaces en 2025
La France propose un arsenal de dispositifs d’optimisation fiscale encore en vigueur. Les investissements dans les PME (réduction IR-PME), les dispositifs Girardin (outre-mer), le statut LMNP pour l’immobilier meublé, le régime des impatriés, ou encore les donations démembrées permettent de réduire fortement l’imposition.
Le pacte Dutreil, en particulier, permet de transmettre une entreprise familiale avec 75 % d’abattement sur les droits de donation ou succession, ce qui permet parfois de transmettre plusieurs millions d’euros avec un coût fiscal quasi nul. Ajoutons à cela les abattements classiques (100 000 € tous les 15 ans par parent et par enfant), et la donation devient une stratégie extrêmement rentable… même en France.
Le régime des impatriés : un outil d’attractivité sous-estimé
Le régime fiscal des impatriés s’applique aux personnes venant s’installer (ou revenir) en France après avoir été non-résidentes pendant 5 ans. Il leur permet de bénéficier d’une exonération d’impôt sur certains revenus de source étrangère pendant 8 ans, ainsi qu’un abattement de 30 % à 50 % sur les revenus d’activité en France.
Ce régime est très attractif pour les cadres dirigeants, les entrepreneurs ou les sportifs de haut niveau. Il est comparable à celui mis en place au Portugal ou en Italie, mais avec la solidité d’un système français bien structuré. De nombreuses grandes fortunes ayant fait fortune à l’étranger reviennent ainsi s’installer en France, tout en limitant leur exposition fiscale.
La couverture sociale : un argument sous-estimé par les ultra-riches
Les contribuables fortunés attachent aussi de l’importance à la stabilité sociale, à la santé, à l’éducation, à la retraite et à la protection juridique. Le système français, bien que coûteux, propose une couverture très complète. Un entrepreneur qui se soigne dans un hôpital parisien, scolarise ses enfants dans des établissements prestigieux, ou fait appel à des tribunaux pour arbitrer un conflit, bénéficie d’un niveau de service public rarement égalé.
De plus, le coût d’une couverture santé privée équivalente dans un pays à fiscalité plus douce peut rapidement représenter plusieurs dizaines de milliers d’euros par an. En France, ces protections sont déjà intégrées dans le système. Pour certains contribuables fortunés, cela justifie le maintien de leur résidence fiscale malgré une imposition apparente élevée.