Un bouleversement discret mais déterminant se prépare dans le paysage immobilier français. À l’horizon 2026, une réforme technique du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) promet de redéfinir les standards énergétiques de nombreux logements, sans qu’aucun coup de marteau ne soit nécessaire. Alors que l’électricité devient le pivot de cette transformation, une question persiste : comment cette réforme influencera-t-elle le marché immobilier et les propriétaires ?
Le monde de l’immobilier est sur le point de connaître une évolution majeure avec l’entrée en vigueur, dès le 1er janvier 2026, d’une réforme du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). Cette modification, bien que technique, pourrait avoir des répercussions significatives sur la valorisation des biens immobiliers. En effet, le coefficient de conversion de l’électricité, utilisé pour évaluer la performance énergétique des logements, va être ajusté. Ce changement technique, qui semble anodin, pourrait permettre à près d’un quart des logements principaux en France de gagner une classe énergétique, transformant ainsi leur perception sur le marché.
Alors que la transition énergétique se profile à l’horizon, cette réforme soulève des enjeux de taille. En modifiant le calcul du DPE, le gouvernement espère inciter à un usage plus rationnel de l’électricité, tout en valorisant les logements chauffés par ce biais. Cette décision intervient dans un contexte où l’efficacité énergétique devient un critère de plus en plus déterminant pour les acheteurs et les locataires. Cependant, cette réforme pose également la question de la réelle performance énergétique des bâtiments, et de la manière dont elle sera perçue par les consommateurs et les professionnels de l’immobilier.
Un nouveau coefficient pour l’électricité : un changement de paradigme
Le cœur de cette réforme réside dans la révision du coefficient d’énergie primaire de l’électricité, qui passera de 2,3 à 1,9. Ce coefficient est crucial car il indique la quantité d’énergie primaire nécessaire pour produire 1 kWh d’électricité consommée. En d’autres termes, il s’agit de mesurer l’efficacité énergétique des logements chauffés à l’électricité. Avec ce nouveau coefficient, les logements utilisant l’électricité apparaîtront comme plus économes en énergie, même si leur consommation réelle reste inchangée.
Cette décision a été officialisée après une consultation publique lancée le 15 juillet 2025. Elle reflète la volonté du gouvernement de promouvoir l’électricité comme une source d’énergie plus verte, en adéquation avec les objectifs de transition énergétique. En pratique, cela signifie que de nombreux logements verront leur DPE s’améliorer sans avoir à entreprendre de travaux coûteux. Les propriétaires pourront dès lors télécharger leur nouveau DPE ou une attestation de mise à jour via le site de l’Observatoire DPE-Audit énergétique de l’ADEME, facilitant ainsi la vente ou la location de leur bien.
Pour les professionnels de l’immobilier, cette réforme représente une opportunité de redéfinir les critères de valorisation des biens. Les logements chauffés à l’électricité, souvent pénalisés par les anciennes méthodes de calcul, pourraient désormais bénéficier d’une nouvelle attractivité sur le marché. Toutefois, cette revalorisation pose aussi la question de la transparence et de la compréhension des nouveaux critères par les consommateurs.
Les grands gagnants de la réforme : une nouvelle donne pour les logements électriques
Selon une étude réalisée par le bureau d’études Casam, environ 7 millions de logements principaux verront leur DPE s’améliorer grâce à cette réforme. Ces logements, majoritairement chauffés à l’électricité, représentent aujourd’hui plus d’un tiers du parc immobilier français. Trois profils de logements sont particulièrement concernés par cette évolution.
Les très petites surfaces, telles que les studios de moins de 15 m², sont parmi les premiers bénéficiaires de cette réforme. Ces biens, souvent situés en milieu urbain et destinés aux étudiants, avaient déjà profité d’une réforme spécifique en 2024. Avec le nouveau coefficient, certains de ces logements passeront de la classe G à E, sans nécessiter de travaux, comme un studio parisien de 15 m² consommant initialement 490 kWh/m²/an qui sera désormais évalué à 406 kWh/m²/an.
Les maisons anciennes, dotées d’un système de chauffage mixte électricité et bois, sont également concernées. Ces habitations, souvent construites avant 1975, ont été rénovées avec des poêles à granulés ou à bûches. Grâce à la réforme, environ 34 % de ces logements pourraient passer d’une classe E à D, réduisant ainsi l’obligation d’audit énergétique lors de la vente. Enfin, les logements récents équipés de pompes à chaleur, déjà bien isolés, verront leur classement s’améliorer, avec 12 % d’entre eux susceptibles d’atteindre la classe A, renforçant leur attrait sur le marché.
Simulateurs et outils : anticiper son DPE de demain
Pour aider les propriétaires et les professionnels à anticiper ces changements, plusieurs outils ont été mis à disposition. Parmi eux, une calculette Excel, développée dans le cadre de la consultation publique, permet de simuler la future classe énergétique d’un logement à partir des anciennes données DPE. Ce simulateur offre une première estimation des effets de la réforme sur chaque bien.
En parallèle, des outils en ligne offrent une simulation instantanée basée sur l’adresse du logement. L’outil développé par Casam est un exemple de ces solutions numériques, destinées à simplifier la vie des particuliers et des professionnels de l’immobilier. Ces outils permettent de conseiller efficacement les clients, en leur offrant une vision claire des impacts de la réforme sur leur patrimoine.
Ces simulateurs sont une réponse aux inquiétudes des acteurs du marché, soucieux de comprendre les implications concrètes de cette réforme. Ils offrent une transparence bienvenue dans un contexte de changement, permettant à chacun d’anticiper les évolutions à venir et de s’adapter aux nouvelles réalités du marché immobilier.
Impact sur le marché immobilier : une revalorisation attendue
Les conséquences de cette réforme sur le marché immobilier français pourraient être significatives. En revalorisant les logements chauffés à l’électricité, elle pourrait transformer de nombreux biens considérés jusqu’ici comme des passoires thermiques en opportunités attrayantes pour les acheteurs et les locataires. Cette revalorisation pourrait également réduire le nombre d’audits énergétiques obligatoires, simplifiant ainsi les transactions immobilières.
Pour les professionnels de l’immobilier, cette réforme représente une chance de redynamiser le marché. Les biens jusqu’ici dévalorisés pourraient retrouver une attractivité nouvelle, facilitant les ventes et les locations. Cependant, il est essentiel que les futurs acheteurs et locataires soient bien informés des changements de calcul, afin de ne pas confondre une bonne note DPE avec une isolation réellement améliorée.
En conclusion, cette réforme du DPE, bien que technique, pourrait avoir un impact décisif sur le marché immobilier français. Elle soulève des questions sur la perception de l’efficacité énergétique et met en lumière l’importance d’une communication claire et transparente pour accompagner ces changements. Les prochains mois seront déterminants pour évaluer l’ampleur de cette transformation et ses répercussions sur le secteur immobilier.