Les Français continuent de privilégier l’assurance vie malgré un contexte économique incertain. Tandis que les prestations versées par les assureurs diminuent, la confiance des épargnants demeure. Pourquoi cet engouement persiste-t-il malgré les fluctuations du marché ?
Les prestations versées par les assureurs, que ce soit en cas de rachat par l’épargnant ou lors de la distribution aux bénéficiaires en cas de décès, ont connu une baisse de 5 % sur un an, s’établissant à 13,8 milliards d’euros. Cette diminution intervient dans un contexte où la collecte nette atteint un montant de 4,1 milliards d’euros, soit plus du double de celle enregistrée en juillet 2024, qui s’élevait à 1,8 milliard d’euros. Cependant, ce chiffre reste en ligne avec les tendances observées durant les mois précédents de l’année 2025. L’encours total a, quant à lui, atteint 2 057 milliards d’euros fin juillet 2025, marquant une hausse de 5 % sur un an.
Cette situation témoigne d’une confiance inébranlable des Français envers l’assurance vie. Selon Paul Esmein, directeur général de France Assureurs, la dynamique commerciale observée en juillet 2025 est en continuité avec celle des 18 derniers mois, tant sur la collecte brute que nette. Dans un climat économique, politique et international incertain, les ménages français continuent de privilégier l’épargne. L’incertitude politique, ravivée par l’annonce du Premier ministre François Bayrou le 25 août, ne semble pas freiner cet élan. Philippe Crevel, président du Cercle de l’épargne, souligne que bien que les ménages soient de plus en plus résilients face aux crises successives, leur prudence s’inscrit dans la durée.
Une dynamique de marché influencée par les taux d’intérêt
La baisse du taux de rémunération du Livret A, passé à 1,7 % en juillet, commence à détourner les épargnants de ce placement, autrefois prisé. En effet, les épargnants ont retiré 70 millions d’euros de plus qu’ils n’ont déposé sur leurs Livrets A en juillet, selon les données de la Caisse des dépôts. En comparaison, les fonds en euros de l’assurance vie et du plan épargne retraite (PER) offrent un taux moyen de 2,6 %, d’après les chiffres publiés par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), rattachée à la Banque de France.
Cette différence de rendement incite de nombreux épargnants à réorienter leurs investissements vers des produits plus lucratifs. Le Livret A, autrefois un pilier de l’épargne française, perd de son attrait face aux taux plus compétitifs proposés par les assurances vie. Cette tendance s’explique également par une quête de sécurité et de rendement dans un contexte économique où les placements sûrs et rentables se font rares.
Avec un rendement moyen supérieur à celui du Livret A, les assurances vie et les PER offrent aux épargnants une alternative attractive. Ce déplacement des fonds souligne une préférence pour les produits d’épargne qui, tout en garantissant une certaine sécurité, permettent également de bénéficier d’un rendement plus élevé. Les ménages français, en quête de stabilité financière, semblent donc privilégier ces options.
Le PER : un produit d’épargne en mutation
En juillet 2025, les cotisations sur les plans d’épargne retraite (PER) assurantiels, hors transferts, se sont élevées à 978 millions d’euros, enregistrant une hausse de 10 % sur un an, avec 73 000 nouveaux assurés, soit une augmentation de 7 %. Cependant, la collecte nette a atteint 609 millions d’euros, marquant une baisse de 51 millions d’euros (-8 %) par rapport à juillet 2024. Cette évolution reflète les défis auxquels fait face le marché des PER dans un environnement économique en constante évolution.
Malgré cette baisse de la collecte nette, l’intérêt pour le PER ne faiblit pas. Les épargnants voient en ce produit une solution viable pour préparer leur retraite, surtout dans un contexte où les incertitudes économiques et politiques pèsent lourdement sur les décisions financières. Les PER offrent une flexibilité et des avantages fiscaux qui séduisent de nombreux Français, désireux de sécuriser leur avenir financier.
La répartition des encours de l’assurance vie en mars 2025 montre que 64 % étaient investis en titres d’entreprises, avec 24 % en actions, 34 % en obligations et 5 % en immobilier d’entreprises. Les obligations souveraines représentaient 24 % des placements, soulignant une diversification stratégique des investissements. Cette diversité d’investissements permet aux épargnants de bénéficier d’une meilleure répartition des risques, tout en optimisant le rendement de leur épargne.
Les obligations souveraines : un pilier de l’épargne française
Fin 2024, les Français détenaient 302,1 milliards d’euros d’obligations souveraines françaises, principalement via leurs fonds en euros, qui représentaient 293,3 milliards d’euros, et 8,8 milliards en unités de compte. Cette prédominance des obligations souveraines dans les portefeuilles d’épargne souligne la confiance des épargnants dans la stabilité et la sécurité offertes par ces investissements.
Les obligations souveraines sont perçues comme des placements sûrs, offrant une certaine garantie de rendement, même dans un contexte économique volatile. Cette perception est renforcée par la solidité de l’État français et sa capacité à honorer ses engagements financiers. Pour de nombreux épargnants, investir dans des obligations souveraines est une stratégie prudente pour sécuriser leur patrimoine tout en obtenant un rendement stable.
En conclusion, malgré les fluctuations du marché et les incertitudes économiques, l’assurance vie et les produits d’épargne associés continuent d’attirer les Français. La diversification des investissements, la recherche de rendements compétitifs et la sécurité des placements souverains sont autant de facteurs qui expliquent cet engouement persistant. Les ménages français, en quête de stabilité et de sécurité, semblent avoir trouvé dans ces produits une réponse adaptée à leurs besoins financiers.